Charles IvesNé le 20 octobre 1874 à Danbury (Connecticut) Mort à New York le 19 mai 1954 |
Charles IvesJ’ai connu Ives par sa deuxième symphonie et j’avais, à l’époque, été très déçu car elle n’avait rien de l’originalité qui m’avait été annoncée à la lecture de la biographie de cet auteur. Ce faux-pas m’a tenu éloigné de lui pendant quelque année avant que je ne revienne insister et là, je ne fus pas déçu. Chercheur fondamentaliste en musique, il faut reconnaître à Ives une aura de prophète, il illustre bien le découplage qu’il y a entre art et beauté il est un des premiers à l’avoir prouver…Par contre il n’est pas le premier américain à avoir fait de la musique, et s’il faut un père à la musique américaine c’est Gottschalk qu’il faut citer… Ce qui marque le plus c’est qu’il n’appartient à aucune école, il s’est inventé lui même, il incarne l’exemple que l’on peut réussir dans l’art sans faire obédience à une chapelle, il faut seulement avoir quelque chose à dire. Sont Art est libre mais qui sait si trop de liberté ne tue pas l’art comme un excès d’oxygène peut tuer un homme… Didier Descouens Charles Ives - repères chronologiques 20 octobre 1874 Charles Edward Ives naît à Danbury, dans le Connecticut. Son père lui transmet son goût pour la liberté dans la création et le convainc qu’il n’existe pas de règles en musique et que tout l’univers des sons est ouvert à l’exploration. 17 février 1892 Les Variations on « America », pour orgue, composées en 1891 et 1892, sont créées à Brewster (État de New York) ; Ives manifeste déjà son attirance pour la polytonalité dans ces variations sur un chant patriotique américain. Septembre 1894-1898 Ives étudie l’orgue et la composition à l’université de Yale. 1899 Ives entame à New York une brillante carrière dans les assurances. 1903-1914 La polytonalité est au cœur de l’œuvre de Charles Ives, qui est un des premiers compositeurs à l’avoir pratiquée à l’imitation des superpositions entendues lors de rassemblements de fanfares. Il compose notamment Three Places in New England (Orchestral Set n o 1, aussi appelée A New England Symphony : Three Places in New England) et Holidays Symphony (ou A Symphony : Holidays, originellement New England Holidays). 1908 Ives compose The Unanswered Question (A Cosmic Landscape), pour petite formation orchestrale ; cette œuvre s’inscrit en dehors de tout système organisé et innove avec une distribution spatiale des instruments : une trompette pose au reste de l’orchestre « la question sans réponse », celle de l’existence ; elle ne sera créée que le 17 mars 1984, à New York (une version révisée vers 1930-1935 avait été créée le 11 mai 1946, à New York). Vers 1909 Ives achève la composition de Central Park in the Dark, pour petit orchestre, qui ne sera créée que le 11 mai 1946, à l’université Columbia de New York ; il évoque dans cette pièce les souvenirs de son enfance en utilisant des chants populaires et des hymnes. 1912-1918 Ives compose sa Quatrième Symphonie, pour piano et grand orchestre (et, éventuellement, chœur) ; à la polytonalité s’ajoutent la polyrythmie et l’indépendance des groupes instrumentaux qui créent une impression de mouvement dans l’espace. Vers 1914 Ives achève la composition d’Halloween, pour piano et quatuor à cordes (et, éventuellement, percussion), œuvre en partie indéterminée, dans laquelle une grande liberté d’interprétation est laissée aux instrumentistes ; cette pièce ne sera créée que le 22 avril 1934, à New York. 1920 Ives publie la Deuxième Sonate pour piano « Concord, Mass., 1840-60 » et son ouvrage explicitant la démarche adoptée dans cette composition, Essays Before a Sonata. Cette sonate sera créée dans son intégralité le 28 novembre 1938, à Cos Cob (Connecticut), par John Kirkpatrick, qui la rejouera le 20 janvier 1939 au Town Hall de New York. 1923-1924 Ives compose Trois Pièces en quart de ton (Three Quarter-Tone Pieces), pour deux pianos, dont l’un un accordé un quart de ton plus haut que l’autre ; ces pièces sont quasi contemporaines de celles d’Alois Hába ou d’Ivan Wyschnegradsky. 1922 Ives publie 114 Songs, un recueil de chants composés entre 1887 et 1921. 1927 Ives arrête définitivement de composer de nouvelles œuvres ; durant le reste de sa vie, il remaniera cependant beaucoup de ses œuvres anciennes. 19 mai 1954 Charles Ives meurt à New York. Juliette Garrigues Musicologue « Il existe un grand homme vivant dans ce pays, un compositeur. Il a résolu le problème de se préserver lui-même et d’apprendre. Il répond à la négligence par le mépris. Il n’est forcé d’accepter ni la louange ni le blâme ; son nom est Ives » (Arnold Schönberg). L’importance de l’œuvre de Ives est considérable. Ce soi-disant amateur, ce père de la musique américaine fut longtemps un inconnu pour le plus grand nombre des mélomanes, formés à l’école européenne de Stravinski, Debussy ou Schönberg. En lui se sont combinés les gestes fondamentaux de la création musicale : écoute du monde sonore environnant, réalisation artisanale de l’œuvre, expérimentation de formes et de situations nouvelles, construction d’un univers sans précédent. En tissant pêle-mêle son écheveau, Ives a montré à la musique du XX e siècle que la nouveauté ne prenait pas obligatoirement le chemin de la réflexion critique et historique ou celui de la constitution d’une syntaxe, comme l’avaient laissé supposer les patients novateurs de l’école de Vienne. Ives unit le génie créateur d’un « compositeur du dimanche », qui ne craint aucune audace, à la rigoureuse discipline exigée par la composition. Bien qu’ayant une solide formation musicale, il fait figure de self-made man, en ce qu’il n’a obéi à aucun modèle venu d’Europe, ni à aucune mode de cette jeune nation, les États-Unis d’Amérique des premières années du XX e siècle. Avant Charles Ives, il n’existait pas véritablement de musique classique américaine. Le paysage sonore des jeunes États-Unis d’Amérique se partageait entre des mélodies de salon de Stephen Collins Foster, héritières des romances romantiques en vogue en Europe, de nombreux airs à danser, de la musique militaire, des hymnes d’église, de la musique populaire noire. Toute importation européenne était saluée par la haute société qui se pressait pour aller écouter les solistes de passage. Expériences et découvertes Charles Edward Ives est né le 20 octobre 1874, à Danbury, dans le Connecticut. Son père, George, qui fut son principal professeur, était célèbre dans la région pour ses qualités de chef de fanfare. Sa grand-mère chantait dans le chœur de l’église de Danbury. Ces détails sont importants, car Ives fera constamment référence aux cantiques d’église et aux airs militaires dans son œuvre. Dès l’âge de quatorze ans, il est organiste à la Second Congregational Church de Danbury, activité qu’il poursuit à Yale pendant ses quatre années d’études. Comme organiste, et comme compositeur, Ives fait scandale, avec sa fâcheuse habitude d’improviser en superposant différentes tonalités ou en recherchant les sonorités les plus saugrenues (Variations on « America »). Ainsi, le jeune compositeur découvre-t-il la polytonalité avant Milhaud en accompagnant des mélodies dans des tonalités contradictoires, la polyrythmie avant Stravinski, en superposant des figures rythmiques complexes, la spatialisation du son avant Stockhausen sous l’influence de son père, qui allait écouter du haut du clocher de l’église deux fanfares se rejoignant au milieu de la bourgade. Ces expériences d’un monde sonore inhabituel se retrouvent dans son œuvre. À la mort de son père, Ives étudie à l’université de Yale les techniques d’écriture avec Horatio Parker et acquiert le métier nécessaire à tout compositeur. De cette période de jeunesse datent les Variations on « America », variations polytonales sur un chant patriotique, la Première Symphonie, diverses pièces pour ensembles instrumentaux et des mélodies. Homme d’affaires et compositeur Au printemps de 1899, installé depuis peu à New York, Ives travaille dans une compagnie d’assurances où il rencontre Julian Myrick avec qui, en dix ans, il va créer la plus importante compagnie d’assurances sur la vie des États-Unis, Mutual Life Insurance Company. En 1908, il épouse Harmony Twichell, et adopte une petite fille. Pendant toute cette période, Ives se partage entre une trépidante vie d’homme d’affaires et une importante activité de compositeur. Cependant, il se refuse à faire carrière dans le domaine musical, à écrire des pretty little tunes, comme on le lui demande, n’espérant rien d’un public peu enclin à écouter une musique d’un abord difficile. Presque toute son œuvre importante a été écrite entre 1899 et 1918, année au cours de laquelle il est victime d’une éprouvante crise cardiaque. Dans le domaine symphonique, il faut citer la Quatrième Symphonie (1909-1916), qui rassemble à elle seule la plus grande part des recherches de Ives : une fugue grandiose, un orchestre gigantesque, des collages inattendus d’airs populaires et de fanfares, des citations de toutes sortes, des effets polytonaux. Sa grande œuvre pour piano est sa Seconde Sonate, sous-titrée Concord, Massachusetts, 1840-1860, construite sur un argument philosophique inspiré par les transcendantalistes, et qui constitue une immense épopée sur l’osmose entre l’Homme et la Nature, où le piano est mené jusqu’à ses ultimes possibilités. Il écrit de nombreuses œuvres pour petits ensembles orchestraux, rassemblées en sets (séries), de très courte durée, petites formes à la manière de Webern, qui montrent son goût pour les sonorités nouvelles. La part la plus secrète de son œuvre se trouve sans doute dans les 114 Songs, d’une audace et d’un lyrisme étonnants. Une reconnaissance tardive À partir de 1920, Ives n’écrit pratiquement plus, remettant sans cesse à l’ouvrage ses œuvres anciennes et découvrant avec stupéfaction que de jeunes musiciens américains sont en train de prendre le relais, tels Henry Cowell ou Aaron Copland. C’est au pianiste John Kirkpatrick que revient le mérite d’avoir fait connaître à un large public le nom de Ives lors d’un mémorable concert au Town Hall de New York, le 20 janvier 1939, où il joua la sonate Concord en seconde partie d’un récital. Kirkpatrick, qui s’était minutieusement préparé à cette œuvre avec le compositeur, n’eut cependant pas la joie de le voir dans la salle. Celui-ci avait d’ailleurs édité en 1920 une préface à cette partition, essentielle pour comprendre sa pensée : Essays Before a Sonata. En 1954, Ives meurt sans avoir jamais fait carrière dans la musique, laissant derrière lui plusieurs centaines d’œuvres : œuvres chorales, œuvres symphoniques, quatuors à cordes, mélodies. Seul dans la campagne américaine, à l’aube du XX e siècle, il aura exploré des domaines qui seront plus tard les objets de recherche privilégiés d’autres compositeurs : micro-intervalles, polytonalité, collages, effets de masse orchestrale. Et, surtout, il aura porté sur la musique un regard radicalement différent de celui des compositeurs européens, en inaugurant une manière de faire spontanée mais rigoureuse, libre de toute entrave. Olivier Bernager Maître de conférence en philosophe ; producteur à Radio France The Bells of Yale (Battell Chimes or Chapel Chimes) 1897 C° portrait of Charles Ives From the Steeples and the Mountains 1901 C° portrait of Charles Ives All the Way Around and Back 1906 C° portrait of Charles Ives The Pond (Remembrance) 1906 C° portrait of Charles Ives Over the Pavements 1906-13 C° portrait of Charles Ives Mists 1910 C° portrait of Charles Ives Set No. 1
C° portrait of Charles Ives & C° orchestral Music of Charles Ives
C° portrait of Charles Ives Set No. 2
C° portrait of Charles Ives Adagio Sostenuto (At Sea) 1912-17 C° portrait of Charles Ives The Gong on the Hook and Ladder (Fireman's Parade on Main Street) 1912 C° portrait of Charles Ives Three places in New England (Orchestral set n°1) 1903-1914
C° RCA & C° orchestral Music of Charles Ives * Putnam’s camp est très emblématique de la composition de Ives... Holydays symphony - New England Holyday 1903-1914
C° RCA General W. Booth Enters into Heaven 1914 C° portrait of Charles Ives The Rainbow (So may it be!) 1914 C° portrait of Charles Ives Tone Roads
C° portrait of Charles Ives On the Antipodes 1915-23 C° portrait of Charles Ives Symphonie N°2
Naxos 8.559076 & C° RCA Japon Symphonie N°3 "The Camp Meeting"
C° RCA Japon Set of pieces for theater for chamber orchestra
C° portrait of Charles Ives & C° orchestral Music of Charles Ives “Country Band' March" C° orchestral Music of Charles Ives "Set of four Ragtime Dances"
C° orchestral Music of Charles Ives Robert Browning Ouverture Naxos 8.559076 "Postlude in F" C° orchestral Music of Charles Ives "Yale-Princeton Football Game" C° orchestral Music of Charles Ives "Largo Cantabile: Hymn" C° orchestral Music of Charles Ives Sonate N°2 “CONCORD Mass 1840-1860”Publiée par Charles Ives en 1920, la Deuxième Sonate pour piano constitue un défi à l’académisme ; on y trouve en effet toutes les innovations qui jalonnent la musique du XX e siècle : atonalité et polytonalité, polyrythmie, clusters, citations et collages. Chez Ives, cependant, cette démarche relève davantage de la spontanéité que de la transgression délibérée, car, comme il l’explique dans son ouvrage de présentation de sa sonate, Essays Before a Sonata, également publié en 1920, il s’intéresse plus à ce qu’il appelle la « substance » de sa musique (à savoir son contenu spirituel) qu’à sa « manière » (c’est-à-dire les procédés utilisés). Plus qu’une volonté d’épuiser les possibilités formelles et stylistiques, sa musique exprime avant tout la liberté de l’homme, une liberté nourrie de la pensée des transcendantalistes, qui transparaît dans le sous-titre de cette œuvre (Concord, Mass., 1840-60) et dans les titres de ses quatre mouvements (Emerson, Hawthorne, The Alcotts, Thoreau) : les noms de ces écrivains sont associés à Concord, une bourgade des environs de Boston (Massachusetts) qui fut le principal foyer de ce courant de pensée durant le deuxième tiers du XIX e siècle. Cette sonate ne sera créée que le 28 novembre 1938, à Cos Cob (Connecticut), par John Kirkpatrick, qui la rejouera le 20 janvier 1939 au Town Hall de New York. Juliette Garrigues Musicologue
C° Erato & C° New Word Records (classé à Wright) Aeschylus and Sophocles 1922 C° portrait of Charles Ives Three Quarter-Tone Pieces (pour 2 Pianos) 1923-24
C° Erato 114 Songs (publier en 1924)
C° ELECTRA Sunrise 1926 C° portrait of Charles Ives & C° orchestral Music of Charles Ives |
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