Giuseppe (Fortunino Francesco) Verdi

(1813-1901)

Jérusalem

Melodramma in 4 Atti, fu rappresentata a Parigi (Théâtre de l'Opéra) il 26 novembre del 1847

Personaggi

Gaston, visconte di Béarn (Tenore); il conte di Tolosa (Baritono); Roger, suo fratello (Basso); Ademar de Montheil, legato pontificio (Basso); Raymond, scudiero di Gaston (Tenore); un soldato (Basso); un araldo (Basso); l'emiro di Ramla (Basso); un ufficiale dell'emiro (Tenore); Hélène, figlia del conte (Soprano); Isaure, sua ancella (Soprano); cavalieri, donzelle, paggi, soldati, pellegrini, penitenti, sceicchi arabi, dame dell'harem, popolo di Ramla

ATTO PRIMO

(Di notte, nel cortile del palazzo del Conte di Tolosa, in una galleria che ha accesso al giardino, un
appartamento privato e una cappella. Quando si alza il sipario si vede Elena in piedi accanto alla porta del suo appartamento. Gastone, al centro del palcoscenico, aspetta con ansia che Isaura segnali che tutto è tranquillo)

GASTONE
Non, ce bruit ce n'est rien. Mais il faut,
mon Hélène, il faut nous séparer.

ELENA
Et sans avoir promis d'oublier cette haine
que mon père est prêt d'abjurer?

GASTONE
Il a tué le mien dans une injuste guerre...

ELENA
Il t 'attend ce matin pour réconcilier
ta famille et la sienne.

GASTONE
Ah, puisse-je oublier.

ELENA
Tu ne m'aime donc pas?

GASTONE
J 'éteindrai ma colère, mais s' il
me refusait ta main...

ELENA
Attends... espère.

GASTONE
Je puis tout pardonner si je sois ton
époux.

ELENA
Voici le jour !

GASTONE
Déjà?

ELENA
Séparons-nous.
Adieu, mon bien-aimé. Va, fuis.
Voici l' aurore; il faut nous séparer,
mais emporte ma foi.

GASTONE
Je pars, ma chère Hélène, et je te
jure encore d'oublier mes affronts...
pour ne songer qu'à toi.

(Al suono dell'Angelus Gastone esce)

ISAURA
La cloche sonne! On va venir...
je tremble.

ELENA
ISAURA
Pour Gaston prions. Prions
ensemble.
(Isaura ed Elena si inginocchiano all’altare della cappella)

Ave Maria, ma voix te prie. Ô vierge
des douleurs, taris mes pleurs. Fais
sur nous descendre ton regard si tendre...
Vois mes terreurs ô vierge Marie. Fais
que la haine, ô vierge sainte, tombe et
s'efface avec nia crainte. Qu'elle s'abjure
en cette enceinte et d'être heureuse enfin
viendra le jour. Vierge Marie, ma voix te
prie. Jette sur nous un regard d'amour!

(Appena l'orchestra rappresenta il sorgere del sole, Elena e Isaura si ritirano nelle loro stanze. Entra il Conte, che discute con Gastone)

CONTE
Avant que nous partions pour la croisade
sainte, l'église vient ici nous réconcilier
plus de haine entre nous. Cette loyale
étreinte vous engage à jamais ma foi de
chevalier. Ne formons désormais qu'une
même famille, vicomte de Béarn, je vous
donne ma fille...

(Ruggero, Elena e Isaura entrano nella stanza)

RUGGERO
(Mon frère...)

ELENA
(Juste ciel!)

GASTONE
Soyez béni, seigneur! Mon cœur l'avait
choisie... Vous comblez tous mes vœux!

RUGGERO
(Oh rage! Oh jalousie!)

RAIMONDO
Mon maître!

ELENA
Cher Gaston!

RUGGERO
(Oh cachons ma fureur!)

ELENA
Je tremble encore... J'y crois à peine.
Plus de haine! Ah, d'ivresse mon âme
est pleine! C' est Dieu qui nous protège
encore.

GASTONE
Rêve béni! J'y crois à peine!
Dieu me donne ce doux trésor!
J' oublie à jamais ma haine
au bonheur je crois encore.

CONTE
Désormais plus de haine!
Que l'amour vous enchaîne.
Mon Dieu, bénis leur sort.

RUGGERO
(Tremble! J'aurai ta vie!
Tremble... ma jalousie
sur toi suspend la mort!)

CORO
Sa confiance est sans prudence
car la vengeance peut-être dort.
Il se confie à qui jura sa mort.

GASTONE
À vous, Comte, jusqu'au trépas!

RUGGERO
(Lui? Lui la posséder? Jamais!
Cherchons un bras qui serve ma colère!)

(Fugge via)

CONTE
Tous deux agenouillés à la table de Dieu.
Scellons dans ce saint lieu notre amitié
sincère.

(Entra il Legato papale)

LEGATO
Adhémar de Monteil, Légat du Pape Urbain
au Comte de Toulouse apporte un bref de
Rome: Le Saint Père te nomme
Chef des Croisés Français...

CONTE
Nous partirons demain!
Et vous à qui je donne une fille
que j'aime...

GASTONE
Je vous suivrai.

CONTE
Pour signe de ce vœu, prenez ce manteau
blanc où des soldats de Dieu brille le
Saint emblème.

(Quattro paggi avanzano, tolgono il mantello dalle spalle del Conte e lo posano su quelle di Gastone inginocchiato. Il Legato li benedice ed essi si alzano)

TUTTI
Cité du Seigneur! Saint Sépulcre! Calvaire!
Jardin de Douleur, exhalant la prière. Dieu
vient pénétrer vos soldats d'un saint zèle.
Sa voix nous appelle pour vous délivrer.
Chrétiens! Souviens-toi du devoir qu'on
t'impose: Combats pour ta foi. De Dieu
seul sers la cause. Maudis l'offenseur dont
l'injuste colère prendrait de son frère
la vie ou l'honneur!

CORO (dall'interno)
Viens, ô pécheurrebelle! Entre dans
la chapelle. Notre Sauveur t'appelle!
Il t'offre un saint pardon. Et toi,
chrétien fidèle, viens invoquer son nom.

(Ruggero torna ed ascolta la preghiera

RUGGERO
Vous priez vainement le ciel pour mon rival!
Pour ta fille, ô mon frère, un amour
implacable brûle mon cœur... d'un crime
il est capable! Dieu pourtant n'avait pas
voué ma vie au mal... L'amour pouvait la
rendre ou pure ou criminelle.

CORO (dall'interno)
Viens...
la prière t'appelle.

RUGGERO
Oh dans l'ombre, dans le mystère, feu
coupable que j 'ai su taire, reste encore
caché à la terre mes angoisses, mes remords.
Mais redoute ma colère, toi, l'amant qu'elle
préfère! Ta tendresse en vain espère.
Ma vengeance veut ta mort!

(Un mercenario entra e si avvicina a Ruggero)

RUGGERO
Je t'attendais!

SOLDATO
J'ai dû tout préparer moi-même pour
fuir après le coup.

(Si ode ancora la preghiera dall'interno della cappella, e il soldato si allontana con reverenza)

RUGGERO
Dans Toulouse, étranger et de tous
inconnu. Ta main va me venger.

SOLDATO
Comptez sur moi.

RUGGERO
(Guidando il soldato verso la cappella)
Compte sur moi de même.
Tu vois ces deux guerriers couverts
de mailles d'or. L'un porte un manteau
blanc. C'est mon frère que j'aime.
L 'autre est mon ennemi... Frappe!
Je veux sa mort!

(Il soldato entra nella cappella mentre appare un gruppo di crociati che trasportano vino)

CORO DI CROCIATI
Fiersoldat da la croisade, boisencore
cette rasade! Mort et sang quelle taillade
nous ferons des Sarrasins! En silence
ouvrant la porte, les houris prêtent main-
forte au chrétien qui leur apporte le
baptême et de bons vins!

(I crociati allegri vanno via)

RUGGERO
Ah, viens démon! Esprit du mal!
Il t'a livré sa vie! Ah, viens! Au
cœur de mon rival porter le coup fatal!
À cet amour qui le perdra tout son
bonheur se fie. C'est le ciel qu'il prie,
l'enfer lui répondra!
...Mais quel tumulte... On s 'agite...
On s' écrie...!

(Il soldato mercenario pallido e tremante scappa dalla cappella)

RUGGERO
Oui! .. .Ma vengeance est accompli!

RAIMONDO
Au meurtre! Arrêter l'assassin!

RUGGERO
(Je respire... l'enfer assura mon dessein!)

GASTONE [proveniente dalla cappella)]
Courez!

RUGGERO
Ah! Lui vivant? Qui donc expire?

GASTONE
Ton frère!

RUGGERO
Mon frère? Ô méprise... Ô terreur!

(Il Conte, ferito gravemente, è portato dalla cappella al palazzo da un gruppo di cavalieri. Elena, terrorizzata cerca di seguirlo, ma Gastone la trattiene)

GASTONE
Venez. Éloignez-vous d'un spectacle
d'horreur.

ELENA
Mon père!...

(I Cavalieri tornano con il soldato assassino, e lo gettano ai piedi di Ruggero)

CAVALIERI
Le voilà! L'assassin de ton frère.
C'est lui!

ELENA
Vengez mon père!

CAVALIERI
Nous le jurons!

GASTONE
Par le ciel qui m' éclaire!

RUGGERO
(Avvicina il mercenario, indicando Gastone)
Malheureux, c' était lui!
Voilà mon ennemi!

CAVALIERI
Oui, nous jurons de venger la victime.

RUGGERO (Al mercenario)
Sauve-moi, je te sauve!

IL LEGATO (Al mercenario)
À commettre un tel crime qui t'a poussé?

TUTTI
Réponds!

SOLDIER (Indicando Gastone)
Lui.

GASTONE
Moi?

RAIMONDO
Imposture!

CAVALIERI (A Gastone)
C'est toi!

LEGATO e CORO
Monstre! Parjure! Homicide!
Du ciel la foudre est rapide.
Malheur à toi, perfide!

RUGGERO
(D'horreur mon front est livide.
Ah! Sois maudit... fratricide!
Du ciel la foudre est rapide.
Malheur à moi! Malheur!)

GASTONE
Moi, sacrilège? ...Homicide?
Dévoile ici le perfide, mon Dieu!
Sois mon égide, toi qui lis dans mon cœur.

ELENA
Non! Tu n'es pas homicide!
Dévoile ici le perfide, mon Dieu!
Sois son égide, toi qui lis dans son cœur!

(I Cavalieri sguainano la spada)

IL LEGATO
Chrétiens, jetez le glaive!
La foudre de l' Église atteindra le
pervers. Le sang versé se lève et
te crie, "Anathème!" Oui, seul dans
l'univers va, meurtrier du Comte!
Que flétri par le ciel et courbé sous
ta honte, on te refuse, infâme,
le pain et le sel.

CORO
Sur ton front est lancé l'anathème.
Sacrilège en horreur à Dieu même!
imposteur, dont la bouche blasphème!
Meurtrier! Sois maudit! Soit maudit!
Ta misère dans l'exil va chercher
quelque terre où l'écho porte à Dieu ta
prière. Ton forfait dans le sang est écrit.
Sois maudit!

RUGGERO
(Sur mon front doit tomber l'anathème!
Fratricide en horreur à Dieu même.
C' est du ciel la justice suprême...
Vil Caïn, soit maudit! Soit maudit!
Oui, sur moi dans sa juste colère,
l'éternel va lancer le tonnerre! À
jamais en horreur à la terre, mon
forfait dans le sang est écrit...)

GASTONE
Par le ciel, suspendez l'anathème!
Car mon cœur en appelle à Dieu même.
Arrêtez !... Votre bouche blasphème!
Moi coupable? Ô mon Dieu, moi maudit!
Innocent et flétri sur la terre, dans l'exil
moi traîner ma misère! Non! Le ciel
entendra ma prière et lui seul vengera
le proscrit!

ELENA
Par le ciel, suspendez l'anathème!
Car mon cœur en appelle à Dieu même.
Arrêtez!,.. Votre bouche blasphème!
Lui coupable? Ô mon Dieu, lui maudit?
Innocent et flétri sur la terre, dans l'exil
lui traîner sa misère! Non! Le ciel
entendra ma prière et lui seul vengera
le proscrit!

ATTO SECONDO

(Le montagne di Ramla, vicino Gerusalemme. All'ingresso di una caverna è eretta una croce di legno grezzo. Ruggero, vestito di un ruvido saio, legato da una corda, giace prostrato ai piedi della croce)

RUGGERO
Grâce, mon Dieu! De remords déchiré
j'ai fait pieds nus le saint pèlerine, et
trois ans j'ai pleuré dans ce désert sauvage.
À ce front pâle, à ces cheveux blanchis, dans
l'eau des sources réfléchis, moi-même je
ne puis, hélas, me reconnaître! Cette tâche
de sang s'effacera peut-être... Seigneur! De
ton pardon mon âme est altérée! L'âme
d'un fratricide à ton courroux livrée sans
l'irriter peut-elle invoquer ton saint nom...
Ô jour fatal! Ô crime! Tombeau de ma
victime, du fond de cet abîme, toujours
je te revois. Le spectre de mon frère,
sanglant sur la poussière, arrête ma prière et fait
trembler ma voix! Pourtant à ma souffrance,
le ciel se laisse voir, et Dieu dans sa
clémence me garde encor l'espoir.

(Entra nella caverna. In quel momento appare Raimondo, lo scudiero di Gastone, arrancare verso la croce

RAIMONDO
Du secours, ô mon Dieu! Faut-il
mourir ainsi?

(Ruggero esce dalla caverna con il suo vestito da pellegrino)

RUGGERO
Un malheureux que la fatigue accable!

(Estrae dal saio un recipiente per l'acqua)

RAIMONDO
Donnez... la soif me tue...
(Beve)
Ô saint homme, merci!
Car j'allais mourir sur ce sable.

RUGGERO (Indicando la caverna)
Reposez-vous ici.

RAIMONDO
D'autres sont là, perdus dans la montagne.

RUGGERO
Je vole à leur secours.

RAIMONDO
Le ciel vous accompagne!

RUGGERO
Fais, ô mon Dieu, que je sauve leur jours!

(Ruggero si allontana, mentre Raimondo entra nella caverna. Elena e Isaura si avvicinano provenienti da un passo della montagna)

ISAURA
Loin des croisés, madame, et loin de
votre père, nous hasarder.

ELENA
Ce pieux solitaire qu'à l'égal des chrétiens
le sarrasin révère, je veux l'interroger.
De la France banni pour y cacher sa honte,
Gaston en Palestine est venu. L'on raconte
qu ' il a trouvé la mort. Son malheur est
fini... non le mien. Cet ermite peut-être
m' apprendra. Entre Isaura, entre vite...

(Isaura sbircia dentro la caverna e si ritrae)

ISAURA
Mais... voyez sur le seuil!

(Elena guarda e riconosce Raimondo)

ELENA
En croirai-je mes yeux?
...L'écuyer de Gaston!

RAIMONDO
Vous, madame? En ces lieux!

ELENA
Parle-moi de ton maître! Parle!
Fais-moi connaître les maux qu'il
a soufferts.

RAIMONDO
Avec lui j'ai quitté la France. Le
consolant dans sa souffrance, je l'ai
suivi dans ces déserts. Et toujours
sa triste pensée revolait vers sa
fiancée, qu' il nommait en pleurant...

(Elena vacilla, ma è sostenuta da Isaura)

ELENA
Achève.., je suis calme.

RAIMONDO
Un jour en combattant le nombre, hélas,
rendit sa valeur inutile. Depuis, dans
cette ville...
Captif...

(Guarda verso Ramla)

ELENA
Il n'est pas mort?

RAIMONDO
Il est là prisonnier.

(I tre escono in direzione di Ramla. In quel momento piccoli gruppi di pellegrini cristiani giungono sulla scena, spossati dalla fatica e dalla sete.)

PELLEGRINI
Ô mon Dieu! Ô mon Dieu, vois nos misères!
Perdus dans ces déserts, par la soif dévorés,
ne serons-nous pas délivrés par les soldats
croisés, nos frères? Hélas... hélas....!
Ô mon Dieu, ta parole est donc vaine — dans
ce lieu va finir notre peine. Des ravins
partout l'onde est séchée... et cherchée elle
échappe à nos mains. Nos malheurs ont payé
notre offense! Dans nos cœurs fais surgir
l'espérance. Digne enfin signaler ta
puissance. Vers la France ouvre-nous un
chemin. Sol natale... Ô patrie! Ô fontaines...
cristal si pur de nos sources lointaines!
Ciel si doux.., frais abris des vieux chênes.
Mourrons-nous sans cercueil? Et si loin de
vous nous mourrons maudissant la misère et
la terre ou pour toi nous souffrons. Ah, mais
enfin fais surgir l'espérance. Vers la France
ouvre-nous un chemin!

(In lontananza si odono delle trombe)

Écoutez! Ce sont eux cette marche guerrière!

(Diversi pellegrini salgono su un'altura e gridano di gioia)

Les croisés! Le ciel entendit ma prière!

(I cavalieri crociati entrano a cavallo, e cominciano ad assistere i pellegrini. Dopo di loro entrano il Conte, il Legato papale ed il seguito)

CONTE
Dieu soit loué! Du fer d'un assassin, lui
qui suit préserver mon sein!

LEGATO
Nous voici enfin parvenues en Palestine!
Quand le jour renaîtra dans sa splendeur
divine. Jérusalem à nos yeux paraîtra.

CAVALIERI
C'est lui.., c'est le saint homme que
pour sa piété dans ces lieux on renomme.

CONTE (a Ruggero)
Homme de Dieu! Bénissez-nous!

RUGGERO (Sopraggiunto)
Ô ciel!...

(Si inginocchia)

CONTE
Que faites-vous?

RUGGERO
Chef des soldats du Christ qui portez sa
bannière, laissez-moi m' incliner le
front dans la poussière...

CONTE
Levez-vous...

RUGGERO
(Oh tais-toi, tais-toi, cri de mon cœur,
le repentir trahirait le coupable! ...)
(Ai crociati)
Accueillez dans vos rangs, chrétiens,
un misérable.

CONTE
Un saint homme!

RUGGERO
Un pécheur... qui s'offre pour combattre
un soldat en victime. Le sang pour Dieu
versé rachète même un crime.

TUTTI
Le Seigneur nous promet la victoire, oh
bonheur! Nous verrons dans sa gloire le
saint lieu précieux territoire où d'un Dieu
garde encore l'adieu. Oui, levons la
bannière chrétienne et chassons cette
horde païenne! Dieu puissant, notre
cause est la tienne. Dans le sang
renversons le croissant! Ô Dieu puissant!

(Si predispongono alla battaglia)

 

SCENA SECONDA

(Nel Palazzo dell'Emiro di Ramla. Gastone è condotto in una stanza e lasciato solo in attesa dell'Emiro)

GASTONE
L'émir auprès de lui m'appelle. Que
dois-je craindre encor? De la France
banni, captif au sein d'une ville infidèle,
je ne pourrai combattre dans mon zèle
pour les ingrats qui m'ont injustement
puni! Hélène est près de moi, dans
leur camp... Chère Hélène, dont un
destin cruel m'a séparé. Ne pas te
voir quand le ciel te ramène! Je
briserai ma chaîne et je te reverrai...
Je veux encore entendre ta voix, ta voix
si tendre. Pour fuir, il faut attendre les
ombres du soir. Ange, vers qui s'envole
mon rêve d'espoir! Ah, belange, mon
idole, je veux encor te voir! Bel ange!

(Entra l'emiro, con diversi sceicchi arabi)

EMIR
Prisonnier, dans Ramla je te laisse la
vie, car je ne voulais pas sur ma ville
attirer par une perfidie la vengeance
des tiens. Mais ils portent leurs pas
vers ces murs. Ce palais est ta prison.
Prends garde! Si tu cherches à fuir,
c'est la mort. Dieu te garde!

UFFICIALE
Une femme chrétienne en Arabe vêtue
vient d'être prise, Émir, dans les murs
de Ramla. Ordonne, et sa tête abattue...

EMIRO
Non, qu'on l'amène.

UFFICIALE
La voilà.

(Elena è condotta nella stanza da alcuni soldati)

GASTONE
Hélène!...

ELENA
Ciel... Gaston!

EMIRO
Approche, jeune fille...
Ici que cherche-tu? Dis
ton nom... ta famille.

ELENA
Je te suis inconnue et tu peux, sans
danger m'accorder un asile. Les
chrétiens passeront sans attaquer ta
ville; mais, mon trépas, ils
sauraient le venger!

EMIRO
(Ce regard... cet orgueil!)

UFFICIALE (all'Emiro)
Ils sont d'intelligence...

EMIRO (all'ufficiale)
Qu'ils restent seuls... ils
pourront se trahir.
(a Elena)
Si ta bouche a dit vrai, compte sur
ma clémence. Attends ici mon ordre.

UFFICIALE
(all'Emiro. Poi escono)
Et moi, je veille, Emir.

(Rimasti soli Gastone ed Elena si abbracciano appassionatamente)

GASTONE
Hélène!

ELENA
O ciel, Gaston!

GASTONE
Chère âme, sois bénie!

ELENA
Chère âme, sois bénie!
Ah, mon Gaston, pour cet instant
j 'aurais donné ma vie, car tu n'es
pas coupable. Oh, Dieu t'a préservé
et m'a vers toi guidée.

GASTONE
En ma misère je voulais affrontant leur
colère parmi mes ennemis aller trouver
ton père.

ELENA
À leurs regards crains de t'offrir.

GASTONE
Errant proscrit sur cette terre, je
n'avais plus qu'un seul désir: te
voir encore et puis mourir!

ELENA
Oh, garde l'espérance!

GASTONE
Elle est bannie... Ma gloire flétrie...
Famille... Patrie... J'ai tout perdu!

ELENA
Non! Moi... je te reste!
C'est pour la vie!

GASTONE
Ange céleste...

ELENA
Ce monde ingrat, je le déteste.

GASTONE
Ah, rétracte un vœu funeste...
L'anathème est sur moi descendu.
Dans la honte et l'épouvante partager
ma vie errante? Ne crois pas que
j 'y consente! Non... plutôt adieu
sans retour. Dans mon cœur ta douce
image de l'espoir sera le gage. Dieu
me rend tout mon courage s'il me
garde ton amour. Fuis!

ELENA
Je reste!

GASTONE
Je t'en supplie.

ELENA
À ton sort le mien se lie.

GASTONE
Fuis!

ELENA
Je reste! À toi ma vie!
Que je meurs au bras d'un époux.

GASTONE
Dieu t'inspire un sacrifice dont un
ange serait jaloux.

ELENA
Avec toi que je périsse, le trépas
me sera doux!
Une pensée amère me rappelle mon
père... De son enfant si chère en
vain il attend le retour. Toi que ta
fille abandonne, toi qu'elle afflige en
ce jour, ah, mon père! Oh mon père,
pardonne! Ma vie est dans mon amour.

GASTONE
Toi, qui me fus ravie, ô douce fleur
de ma vie. Dans mon âme assombrie,
rayonné un céleste jour quand, pour
finir ma peine, Dieu m'a donné ton
retour. Ah, il faut que je rompe ta
chaîne! Ma vie et dans ton amour!

VOCI (dall'esterno)
Auxarmes!

ELENA
Entends ces cris d'alarmes! S'il faut
mourir, que ce soit dans tes bras.

GASTONE (guarda da una finestra)
Vois-tu dans la plaine là-bas flotter la
bannière chrétienne? La ville est en
tumulte, et l'on court aux remparts!...

ELENA
Viens! Peut-être on peut fuir!
Oh que Dieu nous soutienne!

GASTONE
Silence... on vient...

ELENA
Mon Dieu!...

(Si abbracciano attendendo ansiosi)

GASTONE
Non.

ELENA
Fuyons sans retard!

BOTH
Ah viens, viens! Je t'aime! Suis-moi,
viens, je t'aime! Le ciel même ne
peut t'arracher à moi! Viens! Je
tremble... Fuyons ensemble. La mort
seule pourra me séparer de toi!

(Si dirigono verso la finestra, ma la loro fuga è impedita dall'ufficiale dell'Emiro e dalle guardie)

ATTO TERZO

(Un giardino all'esterno dell' Harem dell' Emiro. Appena entra l'Emiro con i suoi ufficiali, tutte le donne, eccetto Elena, escono)

UFFICIALE
"Les chrétiens... ils sont-là...
ils vont donner l'assaut.

EMIRO
Par le secours d'Allah nous les vaincrons.
Et si mon bras ne les arrête; si le chef des
croisés pénètre dans Ramla, que de sa fille
on lui jette la tête!

(Escono)

ELENA
Que m'importe la vie en ma misère
extrême lorsque, hélas, pour jamais
je perds celui que j 'aime? Comblant
mon malheur, sur moi va d'un père
tomber la colère... Seigneur! Seigneur!
Ton bras m'accable! Sois secourable à
ma douleur...
Mes plaintes sont vaines! Mon Dieu,
brise mes chaînes; termine mes peines!
À toi rappelle-moi... Des jours pleins
d'orages, voilà mon partage leurs
triste présage me glace d'effroi!
Termine mes peines, mon Dieu, brise
mes chaînes! À toi rappelle-moi!

VOCI DI DONNA (dall'esterno)
On s'égorge! On se tue!

ELENA
Ah, quel tumulte!

SOLDIERS
Aux armes!

RAGAZZE DELL' HAREM (terrorizzate)
On se tue! On fuit plein d'alarmes
car les chrétiens sont entrés dans
Ramla!

ELENA
Les chrétiens! Mon père... il est là,
mais Gaston... sa perte est certaine...
Jetremble!

(Gastone entra improvvisamente)

GASTONE
Chère Hélène!

ELENA
GASTONE!... Je meurs d'effroi!

GASTONE
 mes gardes troublés opposant mon
courage, mon poignard jusqu'à toi
suit m'ouvrir un passage.

ELENA
Mais les croisés sont là...

GASTONE
Ton père m'entendra.

ELENA
Mais ils t'ont condamné!

GASTONE
Mon sort s'accomplira!

(Entrano vittoriosi i crociati, guidati dal Conte, che osserva sua figlia fra le braccia di Gastone)

CONTE
Oh ciel! Fille coupable!...
C'est donc pour cet amant?...

CROCIATI
Gaston le meurtrier! Qu'il périsse!

ELENA
Ô mon Dieu!

CONTE
Déloyal chevalier!

GASTONE
D'un forfait exécrable! Et vous aussi
vous m'avez cru coupable!

CROCIATI
 la mort!  la mort!

GASTONE
Ordonnez de mon sort! Préparez le
supplice. Votre aveugle justice de
l'innocent va répandre le sang.

ELENA
Par pitié!

CROCIATI
Qu'on l'entraîne!

ELENA
Arrêtez!

CROCIATI
Qu'il périsse!

(Gastone è condotto via)

ELENA
Et tu le vois, Dieu tout puissant!
Non, votre rage, indigne outrage, n'est
pas l'ouvrage d'un Dieu clément. L'enfer
inspire votre délire et le martyre de mon
amant! À vous la honte! À vous le crime!
Que de la victime retombe
sur vous le sang!

CONTE
Oh déshonneur!

CROCIATI
Au traître la mort!

ELENA
Le ciel s'entre ouvre et votre sort à mes
yeux se découvre. Sur vous s ' étend de
Dieu la main puissante. Sur vos fronts
tonnera le cri d' épouvante!

CROCIATI
Le traître expie sa félonie,
il périra!

CONTE
Oh sacrilège amour! Maudite par ton père
va-t'en! Qu'a ta prière le ciel se ferme
un jour. Va! Va! Va!

ELENA
Dans ta colère mon Dieu tutélaire, ton
bras, j 'espère bientôt les punira et sans
clémence dans ta sentence! Oui, ta
vengeance les frappera... les frappera!

SCENA SECONDA

(La piazza di Ramla con un patibolo drappeggiato in nero. Gastone è condotto circondato da cavalieri e da pellegrini che portano il suo elmetto, la corazza e la spada. Assistono il Legato papale e gruppi di astanti)

GASTONE
Barons et chevaliers, devant vous je proteste
et devant Dieu, car je suis innocent! Mais
vous m'avez rendu mes armes. Il me reste
à mourir comme doit un homme de mon sang,
Écuyer, devant moi fais flotter ma bannière!

LEGATO
Arrête! Condamné par le bref du saint-père,
demain tu subiras la mort. Mais aujourd'hui
c'est l'infamie! Oui, tu seras d'abord
dégradé de noblesse et de chevalerie,
déclaré traître, infâme et comme tel traité dans
ta dernière postérité!

GASTONE
L'infamie!... Prenez, prenez ma vie vos
bourreaux, je les défile...mais mon honneur..
Mais mon honneur!

LEGATO
Tel est l'arrêt.

GASTONE
Oh douleur! Oh mes amis, mes frères
d'armes, voyez mes pleurs; voyez mes
larmes. Le déshonneur...c'est trop
affreux! N'accablez pas un malheureux.
Mon dernier jour me sera doux — et je
l'implore à vos genoux... mais, par le
ciel, moi, traître!... Infâme!... Je
pleure, hélas, comme une femme. C'est
la pitié que je réclame. Par quels accents
vous attendrir? Oh, mes amis! Sans me
flétrir, laissez-moi, laissez-moi mourir!

LEGATO
Qu'on exécute la sentence!

(L'araldo guida Gastone al patibolo, dove aspetta il boia)

CAVALIERI
Point de pitié... Point de clémence...
.
ARALDO
Ceci est le heaume d'un traître
déloyal chevalier!

GASTONE
Tu mens. Tu mens!

CAVALIERI
Au traître point de merci...

(Il boia rompe l'elmetto con una mazza)

PENITENTI
Cum judicar exeat condemnatus et
oratio ejus fiat la peccatum.

GASTONE
Oh torture...oh douleur! Oh
m'avilir ainsi!

POPOLO
Au fond du cœur sa voix pénètre.

ARALDO
(Sollevando la corazza di Gastone)
Ceci est la targe d'un traître
déloyal chevalier!

GASTONE
Tu mens! Tu mens!

(Il boia frantuma la corazza)

PENITENTI
Fiant dies ejus pauci et hereditatem
ejus accipiat alter accipiat.

GASTONE
Mon Dieu! Tu vois ce que je souffre ici.

POPOLO
Quelle pitié ses pleurs font naître...

ARALDO
(Sollevando la spada di Gastone)
Ceci est l' estoc de ce traître
déloyal chevalier!

GASTONE
Tu mens! Tu mens!

KNIGHTS
Au traître point de merci...

(Il boia rompe la spada)

PENITENTI
Et di lexit maledictionem et veniat
ei e longabitur ad eo ab eo.

GASTONE
Oh calice d'amertume! M'assassiner
ainsi! Seigneur... Seigneur!

POPOLO
Dans ta bonté, Seigneur, accorde-lui
merci.

LEGATO
Que le bras séculier à le punir s'apprête.
Le soleil de demain verra tomber sa tête.

GASTONE
(Scendendo dal patibolo)
Tuez-moi, tuez-moi! allons! Qui vous
arrête? Frappez bourreaux! Je reprends
ma fierté. Mon sang versé pour vous fut
mon seul crime. Et devant Dieu la victime
vous chargera de votre iniquité.

LEGATO e CAVALIERI
Traître! Félon! Ton arrêt est porté!
Ton sang versé vengera ta victime.
Tu porteras ton opprobre et ton crime
aux pieds de Dieu, qui voit l'iniquité!

RAIMONDO e POPOLO
Ô Dieu puissant! Son arrêt est porté!
Prends en pitié, Dieu du ciel, la victime.
Toi qui connais l'innocence et le crime,
Fais luire un jour ta sublime équité...

ATTO QUARTO

(Nei pressi del campo dei crociati nella Valle di Josafat. Alcuni soldati montano la guardia attorno una tenda)

RUGGERO (Solo)
Voici de Josaphat, la lugubre vallée...
Jérusalem! Où vont flatter nos étendards.
Que je trouve, ô mon Dieu, la mort sur
ses remparts, et reçois dans ton sein
mon âme désolée.

CRISTIANI (fuori dalla scena)
Jérusalem la sainte! La divine cité!
Accueille en ton enceinte un Dieu de
liberté.

RUGGERO
Les chrétiens en prière...
Prêts à combattre, invoquent la
faveur du Seigneur.

(Appaiono dei crociati seguiti da pellegrini e donne, fra le quali è Elena)

DONNE
Que nos larmes baignent la poussière
du céleste tombeau. Laisse notre âme
à l'heure dernière fêter un jour si beau.ì

ELENA
(Procedendo verso la tenda controllata dalle guardie)
Il est là...

PELLEGRINI
C'est là qu'apparut, portant le calice,
un ange au fils de Dieu... c'est ici qu'il
pleura. Et son supplice, ces lieux l'ont
vu, c'est là.

CROCIATI
Des Oliviers! Saluons la montagne et son
reflet de sang! Comme un linceul sur
l'aride campagne, le silence descend...
Ô montagne! Ô vallée! Ô lieux pleins de
mystère où Dieu nous jugera! Des anges
lorsque ici l'appel retentira, les morts
sortiront de la terre, et le juge apparaîtra!

(I crociati, i pellegrini e le donne escono)

LEGATO
(Proveniente dalla tenda, vede Ruggero)
Saint ermite, c'est vous?

RUGGERO
Sans entrer dans Ramla j 'ai devancé
l' armée.

LEGATO (ai soldati)
Un grand coupable est là. Pour meurtre
condamné par un décret de Rome.
Assistez- le! Qu'il vienne à ce saint homme, vous
obéirez comme à moi.
Absolvez le coupable. Moi, je vais des
croisés fortifier la foi.

(esce)

RUGGERO
(Meurtrier comme moi... pensée
inexorable.)

(Appena Gastone è condotto dalla tenda, Elena appare improvvisamente e si dirige verso di lui)

ELENA
C'est lui!

GASTONE
Je te revois! J 'y comptais!

RUGGERO
(Cette voix ! ... Ah, terre, entrouvre-toi.)

GASTONE
Oh, comme il m'ont traité... mes yeux
n'ont plus de larmes par la main du
bourreaux j'ai vu briser mes armes!

RUGGERO
(...Et je n'étais pas là!)

GASTONE
Ce jour c'est le dernier. Je mourrai
sans combattre...

RUGGERO
(Ah... c'est Dieu qui m'éclair!...)
(Alle guardie)
Par l'ordre du Légat par mon saint
ministère, laissez-moi seul avec
le prisonnier.

GASTONE
Déjà s'apprête mon supplice!

ELENA
Seigneur! Voilà donc ta justice? Dieu
qui cause ma misère, qui repousses
ma prière, frappe et montre, en ta
colère, que le ciel s'égare aussi!
Dieucruel!...

RUGGERO (avvicinandosi a lei)
Sur l'innocence sa clémence veille ici.

ELENA
Doux espoir! Parole ineffable!

GASTONE (a Ruggero)
Bénissez—moi.

RUGGERO
Pour t'obéir je suis, hélas, trop
coupable cette main ne peut bénir...

ELENA
Oh, saint homme!

GASTONE
Ma voix vous prie.

RUGGERO
Je ne puis

GASTONE
Je succombe que par vous béni, ici
finisse ma triste vie, homme de Dieu.
Bénissez-moi.

(Ruggero pone la propria spada, la cui elsa è forgiata come una croce, nelle mani di Gastone)

RUGGERO
Eh bien. Sur cette croix qu'un pécheur
te présente, âme innocente, en Dieu sois
confiante. Oui, sa justice éclatera pour
toi.

ELENA
Oh, bonheur! Ton innocence peut au jour
paraître encor. Espère... Espère!

GASTONE
En vain tu parles d'espérance. Elle est
pour moi dans la mort. Dieu nous sépare,
Hélène! Oui, l'espérance est vaine! La
mort, hélas m'entraîne... Je me soutiens
à peine...

ELENA
Ah, si ton heure est venue, si l'espérance
est perdue, je te serai bientôt rendue...
La tombe finira mon malheur!

RUGGERO
Dieu! Sur le vrai coupable descend ton
bras redoutable. Grâce! Ô divin Saveur!

GASTONE
La terre sur nous est fermée. Hélène
que j 'ai tant aimée. Tes plaintes
déchirent mon cœur! Ah, ma vie est brisée!
Elle est flétrie et Dieu m'ouvre le ciel!

ELENA
Oh douleur! Ah, seule dans ma misère
laissez ton Hélène si chère! Je quitte
avec toi la terre. Mon âme te suit dans
le ciel!

RUGGERO (a se stesso)
(Ce jour finira ta misère et te rendra
l'honneur. Ah. qu'en Dieu ton âme
espère. Entends la voix du ciel...
Sois apaisée. ô justice du ciel!)
(a Gastone)
Reprends ce fer... Je te délivre.

GASTONE
Qu'entends-je?...

ELENA
Oh, bonheur!...

RUGGERO
Viens! Pour le Seigneur tu peux
combattre!

ELENA
(Vivre!... Oh bonheur!)

GASTONE
Mourir avec honneur!

(Gastone e Ruggero corrono via verso la battaglia di Gerusalemme che inizia)

SCENA SECONDA

(Elena e Isaura insieme nella tenda del Conte)

ISAURA
La bataille est gagnée! En ses murs
embrasés Jérusalem a reçu les croisés.

VOCI LONTANE
Victoire!

ISAURA
Entendez-vous?

(Entra il Conte, seguito dal Legato)

ELENA
Mon père!

CONTE
Plus d'alarmes.

LEGATO
Dieu protégea nos armes.

(Entrano dei cavalieri con gli stendardi catturati. Per ultimo appare Gastone, con la celata abbassata)

CONTE (rivolgendosi a Gastone)
Noble guerrier, qui planta le premier
l'étendard de la foi sur la cité conquise,
quel est ton nom?

GASTONE (sollevando la celata)
Me reconnaissez-vous?

CAVALIERI
Oh surprise... Gaston!

GASTONE
Oui! C'est moi dont le nom fut couvert
d'infamie! Ma bannière à vos pieds fut
jetée en lambeaux! Que par vous cette
épée soit encore vaille pour vous j'ai
combattu, donnez-moi des bourreaux!

ELENA
Le ferez-vous mourir?

GASTONE
Qu'on me mène au martyre.

(Ruggero, ferito a morte, viene trasportato da alcuni cavalieri)

RUGGERO
Arrête!

TUTTI
Le saint homme!... Il est blessé!

RUGGERO
J 'expire... Ciel daigne prolonger ma
vie un seul instant... Vous allez me
maudire...
(al Conte)
Reconnais-moi... Je suis... ton frère.

TUTTI
Lui!... Roger!

RUGGERO
Un instant... Un instant me reste encore...
Pour Gaston ma voix t' implore, oh qu' il
soit sauvé par toi! Le remords ici m'amène.
Seul je dois subir la peine du forfait commis
par moi.

(Commozione generale. Elena corre verso Gastone)

ELENA, ISAURA e RAIMONDO
Dieu secourable! Tu lui rends le bonheur
et la vie et l'honneur.

GASTONE
Dieu secourable, tu me rends le bonheur
et la vie et l'honneur!

CONTE e LEGATO
Quoi? Le coupable c'est mon [son] frère!
Oh terreur!... Oh mystère d'horreur!

RUGGERO
À mon heure dernière, grâce. Grâce!

(Il conte va verso Ruggero e lo abbraccia)

CONTE
Mon frère!

RUGGERO
...Que je voie en mourant la cité du
Seigneur.

(Il retro della tenda viene sollevato a svelare il panorama della città di Gerusalemme. Mentre Ruggero spira, tutti si uniscono in un inno di ringraziamento)

TUTTI
À toi gloire, ô Dieu de victoire! En
mémoire de ton ferme appui, que des
anges, les saintes phalanges, en
louanges éclatent pour lui!

FINE

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