TESTO DEL LIED

"Attente"
di Saint-John Perse (1887-1975) [pseudonym]

Ainsi d'avoir perdu le fil de tes divinations, tu pleurais, ô Dépouillé!
Ainsi de ne pouvoir conserver l'arc, le parasol de chèvre et un reflet dans l'oeil de Vendredi.
Et ton âme assombrie de l'ombre des reflets morts, tu la sommais encore, plus misérable que l'enfant torture, quand il presse le globe de ses yeux pour des illuminements jaunes, et rouges, et puis bleus.
"D'un exil surhumain - et plus lointain déjà que l'orage qui roule -- comment garder les voies, ô mon Seigneur! Que nous m'aviez livrées? Ne me laisserez-vous que
ce vacillement de ma tête sauvage après l'étrange fracas?
"Après que vous m'ayez assis dans une île, au Là-Bas, de votre Solitude, et dans le milieu même de votre lumière éclatée.
"témoin de votre ombre, de vos silences et de vos bris de lumière,
"...je suis le nageur qui n'a plus
où appuyer le dessous de ses bras...
"...Et leur ciel sur Leur ville
n'est plein que d'un bruit d'hommes!"
Ainsi tu te plaignais, dans la confusion de tes yeux.
Mais sous l'obscure croisée, devant le pan de mur d'en face, lorsque tu n'avais pu susciter l'éblouissement perdu,
Alors, ouvrant ta Bible,
Tu promenais, un doigt usé entre les prophéties, et ton regard fixé au large, tu attendais l'instant du départ,
le lever du grand vent
qui te descellerait d'un coup,
et qui te charrierait sans saute, comme un typhon,
divisant les nuées devant la soif de tes yeux,
Jusqu'au gouffre effroyable où l'on plonge!