TESTO DEL LIED
"Visitation"di Saint-John Perse (1887-1975) [pseudonym]
C'est le soir sur ton Île et à l'entour, ici et là, partout où s'arrondit le vase sans défaut de la mer, c'est le soir couleur de paupières
et remueur de linges dans le ciel ...
Tout est salé,
tout est visqueux et lourd comme la vie des plasmes.
Les pélicans se bercent dans un rêve huileux, et le fruit creux du catalpa sourd d'insectes tombera
dans l'eau des criques, fouillant son bruit.
L'île s'endort sans un effroi, lavée des courants chauds et des laitances grasses; parmi l'explosion
de noirs parfums aux vases somptueuses.
Sous les palétuviers qui la propagent,
des poissons lents parmi la boue ont délivré des bulles avec leur tête plate;
et d'autres qui sont lents, tachés comme des reptiles, veillent. -- Les vases sont fécondées -
Entends claquer les pinces du Bernard l'ermite --
il y a sur un morceau de ciel vert une fumée prisonnière qui est le vol emmêlé des maringouins - Les criquets sous les feuilles s'appellent doucement --
Les anolis timides, le queue de travers sur les troncs lisses, énoncent leur prière qui est la déglutition de deux perles gonflant leur gosier jaune ...
Vagissement des eaux tournantes et lumineuses!
Corolles, bouches des moires: le deuil qui point et s'épanouit! Ce sont de grandes fleurs anciennes, des fleurs de deuil.
O la couleur des brises circulant sur les eaux calmes,
O brises sur les brisants,
Les palmes des palmiers qui bougent!
Pas un aboiement lointain de chien qui signifie des huttes, qui signifie la hutte et la fumée du soir
et les trois pierres noires sous l'odeur de piment.
Mais les chauves-souris découpent le soir mol à petit cris.
Et pleuvent les paupières sombres
sur les chemins tissés de la mer et du ciel.
Joie! Ô joie déliée dans les hauteurs du ciel!
Robinson! Tu lèves ta face pâle d'anxiété et ta face de fièvre est offerte aux choses du ciel comme une paume renversée, Cependent que le pullulement de toutes les étoiles
crépite pour toi dans le profonde ciel!